La Bataille de Dogali; Un conflit sanglant dans l'Abyssinie impériale au cœur des ambitions coloniales italiennes

Au milieu du 19e siècle, l’Europe était saisie d’un fervent désir d’expansion coloniale. Les puissances européennes, animées par une soif insatiable de nouveaux territoires et de ressources, tendaient leurs tentacules vers les contrées lointaines. L’Italie, récemment unie en 1861, aspirait également à se forger un empire colonial digne de son statut naissant parmi les grandes nations. Son regard se porta naturellement sur l’Afrique, terre de promesses et d’opportunités inexplorées.

L’Abyssinie, aujourd’hui l’Éthiopie, était une cible particulièrement alléchante. Ce royaume indépendant, fier et ancien, résistait fermement à toute forme de domination étrangère. Sa richesse en terres fertiles, en métaux précieux et en épices attirait les convoitises des Européens depuis longtemps. Les ambitions italiennes se heurtèrent à la détermination inébranlable des Abyssins, menés par le puissant Empereur Tewodros II, surnommé « Théodore le Grand ».

Le contexte diplomatique était tendu. L’Italie, sous le règne de Victor-Emmanuel II et du Premier ministre Bettino Ricasoli, avait envoyé plusieurs missions diplomatiques à Addis-Abeba afin de négocier des traités commerciaux avantageux. Ces tentatives furent accueillies avec méfiance par Tewodros II, qui percevait ces offres comme une tentative de soumission de son royaume. L’Empereur, ayant récemment subi la défaite face aux forces britanniques lors de la guerre anglo-éthiopienne (1867-1868), était résolu à préserver l’indépendance de son pays.

L’incident diplomatique qui déclencha le conflit eut lieu en 1887. Un Italien nommé Raffaele Rubino, envoyé pour négocier avec Tewodros II, fut arrêté et emprisonné par les autorités éthiopiennes. Rome exigea sa libération immédiate et interpréta l’arrestation comme une provocation hostile.

Face à l’impasse diplomatique, le gouvernement italien, encouragé par des intérêts économiques importants, décida d’utiliser la force militaire. Une expédition dirigée par le général Alessandro Asinari di San Marzano fut envoyée en Abyssinie avec pour mission de sécuriser la libération de Rubino et d’affirmer la présence italienne dans la région.

La bataille de Dogali, qui eut lieu le 26 janvier 1887, marqua un tournant tragique dans l’histoire coloniale italienne. L’armée italienne, composée principalement de troupes italiennes métropolitaines mal préparées à l’environnement hostile et aux tactiques militaires éthiopiennes, fut décimée par les forces abyssines menées par le général Mekonnen.

Conséquences de la Bataille:

Le massacre de Dogali eut un impact profond sur la politique italienne et l’opinion publique. La défaite humiliante révéla la faiblesse militaire de l’Italie face aux Abyssins, remettant en question les ambitions coloniales du pays.

• Impact sur la diplomatie: L’incident de Dogali entraîna une rupture des relations diplomatiques entre l’Italie et l’Abyssinie. La réputation de Rome en tant que puissance coloniale en était ternie.
• Répercussions politiques en Italie:

La défaite suscita une profonde controverse politique en Italie. Les opposants à la politique expansionniste du gouvernement dénoncèrent la tragédie de Dogali comme preuve de l’incompétence et de la folie des ambitions coloniales.

• Évolution de la stratégie militaire italienne: La défaite de Dogali obligea l’Italie à revoir sa stratégie militaire en Afrique. Des réformes furent entreprises pour améliorer l’entraînement des troupes, l’équipement et les méthodes tactiques afin de mieux s’adapter aux réalités africaines.
• Conséquences sur l’Abyssinie: La victoire éthiopienne à Dogali renforça la confiance en soi du peuple abyssin et contribua à consolider le règne de Tewodros II. L’incident illustra la détermination de l’Abyssinie à préserver son indépendance face aux ambitions coloniales européennes.

La bataille de Dogali reste un événement significatif dans l’histoire coloniale italienne. Cette défaite sanglante témoigne de la complexité des relations entre les puissances européennes et les peuples africains au 19e siècle. L’ambition de l’Italie de s’implanter en Afrique se heurta à la résistance farouche d’un peuple fier et déterminé à préserver son indépendance.

Tableau comparatif des forces en présence lors de la bataille de Dogali:

Force	Effectifs	Artillerie	Matériel
Italie	~500 hommes	2 canons de campagne	Fusils de chasse, carabines
Abyssinie	Estimé entre 3 000 et 5 000 hommes	Aucune artillery	Armes blanches, fusils anciens

Conclusion:

La bataille de Dogali, bien que considérée comme une défaite militaire pour l’Italie, reste un événement historique crucial qui a contribué à façonner les relations entre l’Afrique et l’Europe au tournant du 19e siècle. Cette bataille souligne les dangers d’une politique expansionniste aveugle aux réalités locales et rappelle le courage et la détermination des peuples africains face à la domination coloniale.